Et si votre médecin vous disait qu’avec une seule « pilule magique » quotidienne, vous pourriez prévenir ou réduire les effets de 35 maladies chroniques ? La prendriez-vous ?
Le Dr Said Mekari, directeur de la recherche au Centre de formation médicale de l’Université de Moncton et professeur en médecine familiale à l’Université de Sherbrooke, affirme que cette solution existe déjà, mais que les chercheurs et les professionnels de la santé n’ont pas encore trouvé comment faire en sorte que les gens l’adoptent.
La prescription est simple : environ 150 minutes d’activité physique par semaine. Pourtant, amener les gens à s’engager demeure un défi constant pour les médecins, les éducateurs et les décideurs politiques.
Le Dr Mekari est déterminé à trouver des moyens de modifier les attitudes et les comportements liés à l’exercice afin que davantage de personnes adoptent un mode de vie sain tout au long de leur vie.
Une vue en 3D de l’exercice et de la santé
Dans son Impact Lab à Sherbrooke, le Dr Mekari et ses collègues étudient le lien entre le mode de vie et la santé en utilisant ce qu’ils appellent les 3D : Décrire, Découvrir et Déployer.
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Décrire consiste à examiner comment l’activité physique se déroule (ou non) au niveau de la population. Cette vue d’ensemble est essentielle, car les individus sont fortement influencés par leur environnement.
Comme le souligne le Dr Mekari : « Vous ne pouvez pas dire à quelqu’un de bouger et il bougera. Les gens bougent quand l’environnement, quand le contexte est propice pour qu’ils bougent. »
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Découvrir implique de comprendre pourquoi l’exercice a des effets positifs. Par exemple, nous savons que l’exercice améliore la santé cardiovasculaire et les fonctions cognitives, mais la science n’a pas encore expliqué comment ces deux bénéfices sont liés. Le Dr Mekari et son équipe explorent actuellement les mécanismes physiologiques reliant le cœur au cerveau.
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Déployer consiste à collaborer avec des groupes communautaires pour appliquer les connaissances issues de la recherche.
Le Dr Mekari explique : « On sait depuis toujours que l’activité physique améliore les maladies chroniques, mais nous voulons comprendre pourquoi, et une fois que nous comprenons pourquoi, il faut investir ces connaissances dans nos communautés. »
Investir dans les interventions communautaires
Le Dr Mekari résume le message central de la « médecine du mode de vie » avec son mantra : « Bougez, bougez, bougez ! »
« Peu importe ce que vous faites, dit-il. Sortez, bougez, faites n’importe quoi. Ça aidera. »
Et il souligne rapidement que ce n’est pas quelque chose que les individus peuvent accomplir seuls. Ils ont besoin de soutien communautaire, ou ce qu’il appelle des interventions communautaires. Cela inclut, par exemple, des programmes et des infrastructures qui rendent l’activité physique accessible, des occasions éducatives et des changements dans les politiques publiques.
Cette approche à l’échelle de la population est particulièrement importante pour les francophones de la province, qui font moins d’exercice et mangent moins bien que leurs homologues anglophones. L’Impact Lab du Dr Mekari mène actuellement des programmes pilotes à Edmundston et Memramcook.
Ces programmes ont été co-créés avec la communauté pour répondre à leurs besoins spécifiques. Lorsque les chercheurs demandent aux communautés comment elles bougent et comment elles aimeraient bouger, elles peuvent co-concevoir des interventions durables qui maintiennent les gens actifs sur le long terme.
L’impact qui change la vie de la co-création est ce qui motive le Dr Mekari à poursuivre ses recherches multidimensionnelles.
Il dit : « L’activité physique et les habitudes de vie peuvent transformer la vie des gens. Et pour moi, cela vaut plus que n’importe quelle publication. »



