Quel est le cousin de la pieuvre, qui ressemble à un calmar aplati, et qui pourrait ouvrir la voie à un supplément capable d’améliorer la santé du cœur?
La seiche passionne le Dr Tyson MacCormack de l’Université Mount Allison depuis ses études de cycles supérieurs. Même si la seiche ne vit pas dans nos eaux, préférant les climats plus chauds, elle pourrait contribuer à résoudre l’un des plus grands problèmes de santé au Nouveau-Brunswick : les maladies cardiaques.
Une recherche pour aider à résoudre une crise de santé publique au N.-B.
Selon le plus récent rapport La santé des Canadiens de Statistique Canada, basé sur les données de 2021, le Nouveau-Brunswick arrive au premier rang au pays pour la proportion de la population atteinte de maladies cardiaques. Ce n’est pas le genre de record dont une province veut se vanter.
Dans le laboratoire de biochimie du Dr MacCormack à Sackville, une équipe de chercheurs et d’étudiants découvre que la seiche pourrait donner au N.-B. une réputation plus positive en matière de santé. Ils explorent des similitudes prometteuses entre la façon dont le système cardiovasculaire de la seiche et le cœur humain réagissent à la taurine, une substance qu’on retrouve dans le bœuf et les fruits de mer.
Bien que la recherche n’ait pas encore prouvé de façon définitive que la taurine peut prévenir les maladies cardiaques, les scientifiques commencent à comprendre comment elle agit sur le cœur. Chez les humains, tout comme chez les seiches et certains poissons du Nouveau-Brunswick, la taurine régule le niveau de fluides dans les cellules, y compris celles du cœur. Sur le plan biologique, cet effet d’équilibre agit comme une « voie protectrice », aidant le cœur à résister à divers types de stress physiologique.
Du laboratoire de poissons vers l’avenir
La seiche, avec son corps aplati et son museau tentaculaire, ressemble à une créature sortie de l’époque des dinosaures. Difficile d’imaginer que ce qui se passe à l’intérieur d’un tel animal puisse rappeler en quoi que ce soit le fonctionnement interne du corps humain.
Pourtant, explique le Dr MacCormack :
« Ce qui peut être une réaction très subtile chez l’humain peut être très évident et facile à étudier chez une seiche ou un modèle de poisson. »
Contrairement aux humains, les animaux aquatiques ont évolué pour réagir à des stresseurs extrêmes, comme survivre plusieurs mois sans oxygène ou résister à de grandes variations de température.
Les seiches, souligne le Dr MacCormack, possèdent « des niveaux remarquablement élevés de taurine dans leur sang », ce qui en fait l’espèce idéale pour étudier le rôle de cette molécule dans la protection du cœur.
Dans leurs projets récents, l’équipe de Mount Allison a analysé le rôle de la taurine dans la régulation de l’acidité des tissus soumis au stress. Ils se penchent aussi sur le potentiel d’autres nutriments à empêcher les cellules d’absorber la taurine.
Les résultats de ces recherches pourraient éventuellement aider les biochimistes à développer un supplément pour favoriser la santé du cœur. Pour y arriver, il faudra beaucoup plus de recherche, notamment des études techniques visant à identifier les mécanismes précis d’absorption de la taurine chez les animaux aquatiques et à les comparer à ceux des humains. Une des prochaines étapes pourrait être de mener des expériences sur des rongeurs.
Le Dr MacCormack est prêt à relever le défi, car il est conscient des bénéfices que ses découvertes pourraient apporter :
« Nous ne sommes qu’un petit morceau du casse-tête, et nous avançons à petits pas en générant de nouvelles connaissances, mais ces nouvelles connaissances ont, je crois, le potentiel de contribuer à l’environnement, aux cliniciens et aux citoyens du Nouveau-Brunswick au quotidien. »